Constat
Les dallages sur terre-plein des maisons individuelles subissent parfois des affaissements en pied de murs périphériques. Ils se traduisent généralement par l'apparition d'un vide entre le revêtement de sol et la base des plinthes. Des fissures plus ou moins importantes apparaissent dans les cloisons et les revêtements de sol.
Des arrachements de canalisations passant dans ou sous le dallage peuvent également se produire.
Diagnostic
Un dallage sur terre-plein est un ouvrage horizontal en béton de grandes dimensions horizontales par rapport à son épaisseur (minimum de 12 cm pour les maisons individuelles), coulé sur une forme en matériaux choisis et mis en œuvre pour constituer une assise stable. La forme est réalisée à même le sol en place après décapage de la terre végétale, et le dallage est en appui continu sur cette forme, avec une interface éventuelle (couche de sable, film, isolant…). Dès que le sol et/ou la couche de forme présentent des faiblesses, le dallage en béton suit ces mouvements.
Les principales causes d'affaissement de dallages sur terre-plein sont :
Des terrains inaptes à recevoir un dallage sur terre-plein
Terrains hétérogènes (ou terrains en pente avec remblais et déblais), pouvant entraîner des tassements différentiels de la forme, et donc du dallage ; sols meubles, fréquents en France, pouvant comporter des rognons rocheux, constituant des points durs ; terrains gypseux ou calcaires, dans lesquels des cavités importantes peuvent apparaître, par dissolution de la roche.
Terrains compressibles comportant des strates molles (tourbes, vase) en dessous de strates de meilleure résistance, d'où basculement ou affaissement du dallage ; terrains comportant des remblais non stabilisés ou des assises en voie de consolidation.
Terrains argileux sensibles aux phénomènes de retrait-gonflement liés à des modifications de teneur en eau du sol, conduisant à des affaissements de dallages, non uniformes en général (voir fiche A.2).
Terrains soumis à l'action de l'eau : variations de niveau de la nappe phréatique, entraînant des cycles de tassements et de gonflements du sol ; terrains sujets à inondation lors de crues de rivières proches, engendrant une érosion ou un compactage hydraulique de l'assise du dallage, d'où affaissement rapide de ce dernier ; terrains en cuvette ou présentant une couche argileuse, peu perméable, juste sous le niveau des fondations, d'où saturation d'eau dans le sol, perte de résistance mécanique et tassements différentiels.
Une mauvaise réalisation de la couche de forme
Décapage insuffisant de la plateforme, d'où migration des granulats de la couche de forme vers le terrain sous-jacent, trop mou, et tassement de la forme conduisant à un affaissement du dallage ; coulage du dallage directement sur la terre végétale, sans réalisation de forme, d'où décomposition ultérieure des matières organiques et instabilité du terrain.
Nature et composition de la couche de forme inadaptées aux charges appliquées, forme réalisée à partir de matériaux contenant des gravats ou des impuretés argileuses affaiblissant sa résistance ; matériaux dits « tout-venant» ou friables, comportant un fort pourcentage d'éléments fins, générateurs de tassements.
Insuffisance de compactage de la forme, notamment en rives périphériques, facteur principal des affaissements de dallage ; l'insuffisance de serrage du squelette granulaire réduit considérablement la capacité portante, d'où forte diminution de la résistance à la déformation ; compactage sur des couches trop épaisses (ne pas dépasser 20 cm d'épaisseur par couche à compacter), trop humides ou à l'aide de compacteurs non adaptés ; absence ou insuffisance de compactage le long des murs porteurs.
Autres causes potentielles :
Rupture de canalisations enterrées sous dallage, d'où fuites provoquant des affouillements du sol et entraînant l'affaissement du dallage.
Présence d'un isolant uniquement en périphérie et non sous toute la surface du dallage, d'où tassement différentiel selon compressibilité de l'isolant.
Compressibilité de l'isolant non adapté.
Tassement du sol sous l'effet de succion de l'eau par les racines d'arbres implantés trop près (distance à respecter de 1 à 1,5 fois la hauteur de l'arbre à sa taille adulte).
Les bonnes pratiques
Au niveau de la conception
se renseigner localement sur le niveau de la nappe phréatique, sur les crues éventuelles et sur l'existence ou non de dallages dans les constructions avoisinantes ;
établir un diagnostic rigoureux des risques, afin d'évaluer la faisabilité ou non d'un dallage sur terre-plein : consultation du PPR départemental Argiles, s'il existe, reconnaissance des sols (étude géotechnique obligatoire dans certains cas) et réalisation des sondages permettant d'identifier les couches de terrain et d'évaluer leurs caractéristiques mécaniques ;
en cas de sols argileux, préférer un plancher sur vide sanitaire à la solution d'un dallage sur terre-plein, sensible aux effets de retraits-gonflements.
Au niveau de la mise en œuvre
effectuer un décapage suffisant de la terre végétale (à évacuer sur 30 cm d'épaisseur environ) ;
réaliser la forme avec des matériaux appropriés ;
effectuer un compactage soigneux de cette forme, par couches de 20 cm maximum, avec du matériel adéquat, y compris, point essentiel, en périphérie et au droit des façades et refends ;
effectuer un contrôle des résultats du compactage (DTU 13.3) ;
vérifier la qualité de réalisation des canalisations enterrées sous dallage.
L'essentiel
Ne réaliser un dallage sur terre-plein que sur un terrain apte à le recevoir (selon l'étude de sol).
Porter une grande attention à la mise en œuvre : composition de la couche de forme, qualité du compactage, contrôle du résultat.
A consulter
DTU 13.3 : Dallages - Conception, calcul et exécution.
DTU 21 : Exécution des ouvrages en béton.
NF P94-093 : Sols : reconnaissance et essais.
Détermination des références de compactage d'un matériau
Essai Proctor normal, essai Proctor modifié.